La Presse — Un hôpital de campagne a été mis en place dans un temps record à Bir Ali Ben Khalifa (Sfax) pour ne pas priver les citoyens des soins nécessaires. Se rendant sur place, le Chef de l’Etat est ferme. Il évoque la santé comme partie intégrante des droits humains. Entretemps, une enquête est en cours concernant le retard accusé au niveau des travaux prévus à l’hôpital de la région, privant les citoyens des services de soins essentiels des années durant.
Doté d’une capacité d’accueil de 12 lits et disposant de tous les services et équipements disponibles dans les hôpitaux universitaires, l’hôpital de campagne de Bir Ali Ben Khalifa dans le gouvernorat de Sfax a été mis en place dans un très bref délai (en cinq jours plus précisément) en réponse aux requêtes de citoyens. La visite du Chef de l’État à cet hôpital, mercredi, s’inscrit dans le cadre du suivi de l’exécution des directives qu’il a données pour la réalisation de ce projet et témoigne de sa ferme résolution à joindre l’acte à la parole et couper court à la procrastination et aux discours creux des décideurs qui ont plongé le pays durant la dernière décennie dans le marasme.
Enquête judiciaire
Le Président de la République avait ordonné la mise en place d’un hôpital temporaire le 13 novembre dernier lors de sa rencontre avec le ministre de la Défense nationale, avec le concours du ministère de la Santé, dans la délégation de Bir Ali Ben Khalifa, en attendant que l’hôpital régional soit en service. Toutefois, il semble que la corruption qui a marqué certains responsables durant la dernière décennie dans des secteurs clés, dont celui de la santé, soit toujours de mise.
En effet, le 12 novembre dernier, le ministre de la Santé, Mustapha Ferjani, avait effectué une visite impromptue à l’hôpital en question où il a été témoin de certains dysfonctionnements. Suite à la plainte qu’il a déposée, et dans laquelle il a relevé de graves dépassements, une enquête a été ordonnée par le Parquet près le tribunal de Première Instance de Sfax 2 visant à identifier les personnes qui pourraient être impliquées dans le gaspillage des fonds publics de l’hôpital en question. Quatorze personnes, dont de hauts responsables relevant de directions régionales ont été placés en détention sur ordre du Parquet après avoir été auditionnés par les agents de la sous-direction des recherches financières et économiques de la Direction de la police judiciaire d’El Gorjani. Les investigations se poursuivent dans cette même affaire.
Inadmissible et incompréhensible
Quand on sait que le budget alloué à l’hôpital régional en question datait de 2012, comme l’avait souligné le ministre de la Santé, on ne peut qu’exprimer notre écœurement à l’égard d’une frange de responsables véreux non seulement dans ce secteur, mais dans les institutions décisionnelles du pays, car plus d’une décennie après, rien n’a été fait à ce niveau. Dans cet intervalle de temps, les habitants n’avaient pas le droit au Smig sur le plan des services sanitaires, dont les services de chirurgie, la médecine spécialisée, et étaient acculés à faire le déplacement à Sfax. Il est vrai qu’en ce temps-là, les gouvernements qui se sont succédé au pouvoir se félicitaient des faux acquis en matière de liberté et de démocratie de façade.
Nul n’ignore que dans le secteur de la santé, la corruption systémique a débouché sur la déliquescence de l’hôpital public et a considérablement favorisé les cliniques, sur fond de scandales sanitaires à répétition qui ont secoué le pays, à l’instar, à titre d’exemple, des «stents» périmés en 2016 et de la mort de nouveau-nés en 2019. Sans compter la pandémie de Covid-19 qui a mis à genoux un système de santé déjà titubant sous l’effet de la mauvaise gestion de cette crise. En dépit d’une relative amélioration ces dernières années, le secteur observe toujours plusieurs difficultés engendrées essentiellement par la mauvaise gestion et la corruption. D’ailleurs, lors de sa rencontre en octobre dernier avec le ministre de la Santé, le Chef de l’État a souligné qu’il était nécessaire d’accélérer le travail en vue de redorer le blason des services publics de santé.
Mis en place en un temps record, comme on l’avait précédemment cité, grâce au concours du département de la Défense nationale, cet hôpital de campagne va assurer provisoirement les soins de proximité pour les citoyens. L’établissement est doté d’équipements modernes et peut accueillir jusqu’à 14 patients. Le Président Kaïs Saïed a fait savoir au moment où il s’est rendu sur les lieux que «nous sommes dans une course contre la montre», comme pour insister sur les grands défis qui nous attendent et sur la nécessité de parer au plus pressé et de passer la vitesse supérieure dans l’exécution des projets.